XVII

Les habitants d’une ville se changent en fantômes ; un fantôme s’incarne enfin.

 

 

Ti se réveilla très tôt. La lumière du jour traversait le papier huilé de la petite fenêtre ouvrant sur la cour intérieure. Ce qui alerta immédiatement son attention, ce fut un silence total, inhabituel, inquiétant. D’ordinaire, l’établissement était en pleine effervescence dès l’aube : il y avait les départs, les repas à servir, les chambres à nettoyer, et les sons se répercutaient impitoyablement de mur en mur jusqu’aux oreilles des dormeurs. Il s’habilla en hâte pour aller voir de quoi il retournait et tomba nez à nez avec Tao Gan, qui avait attendu son réveil depuis l’aube sans oser le déranger.

— Il n’y a plus personne pour le service, seigneur ! Plus de cuisinier, plus de servantes, personne !

A vrai dire, son patron s’y attendait un peu, même s’il avait espéré que l’épidémie ne passerait pas la porte de la bâtisse où il avait élu domicile. L’aubergiste avait pris la poudre d’escampette parmi les premiers : qu’il fût coupable ou non, les assassinats commis dans son établissement auguraient mal de ses relations avec les militaires.

Tsiao Tai arriva des cuisines, les bras chargés d’un plateau généreusement garni.

— Seigneur ! Je sais désormais que les tenanciers de cette auberge ont bien l’habitude d’estourbir leurs clients ! En voici la preuve !

Il déposa son fardeau sur la table et désigna l’une après l’autre chaque coupelle :

— Ici, des passereaux. Là, du serpent. Voilà de la chauve-souris. Et ceci, c’est du chat sauvage !

— Et les petites croquettes croustillantes, là ? demanda Tao Gan.

— Des scorpions, répondit le lieutenant.

— Les passereaux m’ont l’air émincés dans les règles de l’art, dit Ti. Tu crains que ta chauve-souris ne soit empoisonnée ?

— La chauve-souris est un poison ! s’exclama son homme de main. Faire manger un animal des cavernes à quelqu’un comme moi ! Il n’y a que ça, dans leur cuisine !

Le mandarin lui expliqua qu’il ne s’agissait pas de mets démoniaques, mais de cuisine Miao. Il avait déjà pu y goûter chez le cousin Ma. La présence de chauve-souris au menu était normale, vu l’existence de grottes dans la région, comme ils l’avaient constaté en traquant la famille renard. Tao Gan goûta les scorpions grillés.

— Tu as tort de te priver, dit-il : ils sont croquants.

Tsiao Tai l’accusa d’être prêt à manger n’importe quoi pourvu que cela fût gratuit. Il abandonna son plateau et partit acheter une galette de blé dans la rue.

Il était de retour quelques minutes plus tard, la mine ahurie :

— Il n’y a plus personne nulle part ! affirma-t-il aux deux autres, qui dégustaient avec intérêt les curiosités culinaires du peuple Miao.

Ti délaissa chauve-souris et chats sauvages pour se rendre compte par lui-même.

L’avenue était vide. Les commerçants n’avaient pas ôté leurs volets, restés en place depuis la veille au soir. Certaines portes étaient ouvertes à tout vent. Ici et là, un paquet abandonné ou un objet tombé d’un chariot témoignaient d’un départ précipité. Liquan était devenue une ville fantôme. Elle s’était vidée aussi brusquement que si une épidémie foudroyante avait emporté les gens. Ceux qui restaient erraient, ébahis, ou se terraient chez eux, pétrifiés par cette atmosphère de catastrophe.

L’annonce des crieurs avait sonné l’heure de la débandade. Ti remarqua que c’étaient principalement les maisons ornées d’un lampion à l’emblème ésotérique qui étaient vides.

— C’était le signe de ralliement des malfrats qui infestaient cette ville.

Ils partirent en exploration pour mesurer l’ampleur du phénomène. Ceux qui avaient fait usage de la maison de bains constatèrent avec horreur la fuite de ses employés. Les quelques prostituées du quartier des saules étaient parties, elles aussi. Ti estima qu’il manquait à peu près un tiers de la population.

Il mesurait à présent son erreur. Comme le lui avait suggéré sa Première, ce n’était pas le juge Ning qui avait organisé tout ça. C’était le chef de la police, alias « Phénix renaissant », à qui ses protégés avaient dédié le portique. D’une main, il expédiait ici tous les voleurs et les assassins de Chang-an qu’il était chargé d’éliminer. De l’autre, il y envoyait de riches métropolitains désireux de se faire passer pour morts. Les bandits des maisons aux lampions blancs formaient l’aristocratie du district.

Tous les commerces utiles étaient réunis là. La boutique des changements de nom, pour se forger une nouvelle identité. Le prêteur sur gages, pour recycler les objets dérobés. On pouvait faire ses courses du crime le long de cette avenue !

Qu’était devenu leur protecteur ? Nian Changbao pouvait avoir profité de ces facilités. Mais ceux qui en usaient risquaient d’être à leur tour victimes des tueurs. On peut se lier d’amitié avec un scorpion, mais son baiser n’est jamais loin de la piqûre empoisonnée.

Ti rentra de sa promenade la tête basse. Il se reprochait de n’être pas parvenu à son but. Le reste de sa petite équipe l’attendait dans la cour de l’auberge, qui semblait être le dernier refuge de la vie, dans cette cité abandonnée par les hommes et par les dieux. Le lecteur crut bon de leur assener un extrait du livre ouvert devant lui :

— « Si l’arrestation d’un criminel a été ordonnée, mais n’a pas pu être exécutée, il s’agit d’une simple offense publique. »

Les fautes des enquêteurs étaient divisées en deux groupes : offense publique s’il s’agissait d’une erreur sans bénéfice personnel, offense privée s’il s’agissait d’une erreur délibérée à fin d’enrichissement. Le deuxième cas était sévèrement réprimé.

Le premier mouvement du magistrat fut pour réclamer qu’on lui fiche la paix. Cependant, en toute honnêteté, il devait bien admettre que les maximes s’étaient révélées pleines d’intérêt.

— Allez ! dit-il à Ruan Boyan. Lisez-moi un chapitre de votre bouquin ! Peut-être me donnera-t-il l’intuition de ce que je dois faire à présent ?

À sa grande surprise, le lecteur referma l’ouvrage.

— Je m’en voudrais d’importuner Votre Excellence avec ces lectures fastidieuses. Votre art est bien au-dessus de tout ce que contient ce texte.

Déconcerté, Ti lui emprunta le livre et le parcourut d’un œil distrait. En réalité, ce manuel avait été un instrument précieux. Et même trop. Comment se pouvait-il que chaque conseil ait si bien correspondu aux pièges qui l’attendaient ? Il comprit tout à coup d’où venait la merveilleuse utilité des Maximes de sagesse. Lues dans le bon ordre, elles fournissaient la clé de chaque épreuve. C’était l’une des raisons pour lesquelles ils étaient parvenus à rester en vie, alors que tous leurs prédécesseurs avaient été assassinés à un moment ou à un autre du parcours. C’était le guide parfait de la survie à Liquan.

— Il y a une morale à ces maximes, dit-il d’une voix neutre.

— Laquelle, seigneur ? demanda le lecteur.

— C’est que leur auteur est notre criminel en fuite !

Ti réfléchissait intensément sous le regard interloqué de ses hommes. Si les Maximes de sagesse étaient la clé pour survivre dans cette ville, il devait être en mesure de deviner où se cachait « Phénix renaissant ». C’était forcément lui qui s’était arrangé pour qu’on mette entre ses mains le manuel qui, seul, pouvait aider à atteindre ce résultat. Quel résultat ? Vider la ville sans besoin d’armée ! À présent, n’importe qui pouvait accéder au trésor de Liquan, à condition de savoir où le trouver !

Ti se rendit compte qu’il avait omis d’appliquer à la recherche du fuyard un principe qui avait paru évident aux courtisans du banquet : dans leur société chinoise bien ordonnée, l’habit faisait l’homme. Il suffisait pour ainsi dire de changer de vêtement pour changer d’identité. Jamais personne n’aurait imaginé qu’un marquis de la Cour pût se dissimuler sous la défroque d’un écrivain public. Lui-même avait maintes fois exploité cette caractéristique pour enquêter discrètement.

Quels étaient les suspects possibles ? Ceux qui étaient encore en vie : le chef de la communauté du Bœuf, s’il y en avait un ; le trésorier du yamen, ce qui aurait fait de lui un acteur de grand talent ; un prêtre du temple local, peut-être ?

Ti consulta de nouveau l’ouvrage.

— Voyons, où en étions-nous… Ah, ici !

Il lut la maxime du jour.

— « L’enquêteur ne doit tolérer ni fourberie ni servilité. Il lui revient de se faire son opinion par lui-même. » Voilà un conseil auquel j’aurais bien fait de penser plus tôt ! Eh bien, Ruan ! Pourquoi avoir refusé de me le lire ? Vous êtes cruel avec moi, ce matin !

Il continua de feuilleter le livre et choisit une autre maxime : « Un juge doit être bon pour ses administrés ; s’il n’est pas bon, il doit être efficace ; s’il n’est ni bon ni efficace, c’est qu’il a du génie. »

Il leva les yeux et regarda le balafré.

— Je pense que vous avez du génie, Ruan Boyan.

Le lecteur se leva et s’inclina avec respect devant le mandarin.

— Jamais je n’ai douté de l’acuité de votre esprit supérieur, seigneur Ti. Je n’ai fait que vous apporter la minuscule assistance supplémentaire dont vous aviez besoin.

Ti repoussa ses compliments en minaudant comme une jeune fille à qui l’on parle pour la première fois de mariage. On aurait dit deux maîtres de calligraphie en train d’échanger des politesses. Le lecteur avait une requête à formuler :

— Puis-je vous remettre en mémoire la promesse que vous avez eu la bonté de me faire après que j’eus sauvé votre chère Première ?

— Je m’en souviens parfaitement, répondit Ti. Je suis votre obligé et je dois vous accorder le premier souhait que vous formulerez. Vous avez jusqu’à l’heure du cheval[26].

Le lecteur s’inclina à nouveau et franchit d’un pas tranquille le seuil de l’auberge.

Les lieutenants du magistrat étaient interloqués. Bien qu’ils n’eussent pas saisi toutes les nuances de ce qui venait de se produire, ils avaient deviné qui était en réalité Ruan Boyan.

— Votre Seigneurie le laisse s’échapper ? s’étonna Tao Gan.

Ti puisa dans les croquettes de scorpions posées devant lui. Il était parfaitement impassible.

— J’avais un souhait à exaucer. Voilà qui est fait.

Madame Première descendit bientôt de son étage désert.

— Avez-vous remarqué qu’on n’est plus servi, dans cet établissement ? Où tout le monde est-il donc parti ?

— Ils étaient là depuis moins de cinq ans, dit Ti. Leur bail est désormais échu.

Il commença à leur expliquer ce qui s’était passé, tandis que son épouse découvrait les charmes de la cuisine Miao.

Du temps où il était directeur de la police civile métropolitaine, Nian Changbao truquait ses enquêtes : au lieu de déférer les assassins à la justice, il les envoyait à la campagne. Il s’entendait avec eux : l’exil contre l’immunité. Ce biais lui avait certes permis de faire baisser la délinquance à l’intérieur de la capitale. Il avait en quelque sorte éloigné les loups de son troupeau. Mais cela ne signifiait pas que ces bêtes sauvages avaient perdu leurs crocs.

— Comment les gens honnêtes d’ici supportaient-ils cette situation ? s’étonna Tsiao Tai.

— Lorsque l’infraction devient la règle, l’honnêteté n’a plus de sens, Tsiao, répondit le mandarin. Ils s’en arrangeaient parce que l’argent coulait à flots. De plus, ils n’avaient guère à craindre les bandits, fort occupés à trucider les voyageurs. En fait, c’était la famille renard la plus gênante.

Ti se fit servir une tasse de thé et reprit son récit.

— Avec le retour de l’ordre sur l’empire, dû à la protection que les dieux accordent à nos glorieux empereurs Tang, nombre de malfrats qui ne savaient plus comment poursuivre leurs activités ont sauté sur l’occasion d’aller s’installer dans une région où la police ne les inquiéterait pas. Nian Changbao a fait nommer ici le pire juge qu’il avait pu trouver, corrompu, insouciant, viveur : Ning Yutang. J’avais d’abord trouvé fort surprenant qu’on eût placé un sous-préfet à la tête d’une si petite ville. Quand j’ai constaté son inaptitude, j’ai compris que cette nomination avait été une sorte de punition. Encore cet incapable devait-il avoir des soutiens en haut lieu pour avoir évité la radiation !

Les mots du magistrat résonnaient dans la cour de l’auberge, dont les derniers occupants l’écoutaient avec attention.

— Nian Changbao a perdu tout soutien à Chang-an le jour de sa disgrâce, ce qui l’a empêché de fuir comme il fallait. Tout ce qu’il lui restait, c’était assez d’argent pour faire croire à son départ en envoyant un leurre, et se terrer dans la capitale. Je suis convaincu que son magot est ici, inaccessible, au bout d’un parcours impossible à effectuer, que ce soit par un homme seul ou par un groupe armé. Il a utilisé son dernier reste d’influence pour faire suggérer au censorat une idée originale : confier ses Maximes de sagesse à l’un des enquêteurs lancés sur ses traces. Il ne lui restait plus qu’à prendre la place du vrai lecteur. Ainsi, il a pu me lire chaque matin le chapitre où est traité le problème que j’aurais à résoudre. Et c’est moi qui l’ai mené jusqu’à destination !

— Il m’a tout de même sauvé la vie, nota madame Première, la bouche pleine de chauve-souris. Il vous a caché ses talents de guerrier !

— Lui, un guerrier ? dit Ti. Il n’en a pas besoin ! Le Yushitai a envoyé ici des dizaines de guerriers : je suis sûr que pas un n’a dépassé les limites de cette ville ! Quand il s’est trouvé face à face avec votre assaillant, il lui a simplement dit qui il était. L’autre a été suffisamment désarçonné pour vous permettre d’atteindre la rivière. Puis le tueur s’est souvenu que les règles de sa communauté prévalaient sur tout : il leur est interdit de renoncer à leur mission. Même s’il épargnait « Phénix renaissant », il devait vous tuer, vous.

— Et le marquis ? demanda Ma Jong. C’est lui qui l’a tué ?

C’était le plus grand regret du magistrat. Il avait jeté le courtisan dans les bras de son bourreau. Ruan Boyan n’avait eu aucun mal à s’en débarrasser. Ti l’imaginait très bien disant au malheureux, une fois en tête à tête : « Votre Excellence devrait aller prendre un bon bain dans l’établissement d’à côté. Le commissaire-inspecteur dit que c’est un endroit parfaitement sûr. » Le balafré avait toutes les raisons d’être persuadé du contraire.

— Et lorsque j’ai imprudemment déclaré que j’allais interroger le spécialiste des changements de nom, Nian Changbao a couru l’éliminer, conclut Ti.

Ma Jong poussa un juron.

— Quand je pense que cette crapule va s’en aller en toute impunité, maintenant que la ville a perdu ses malfrats et qu’il n’y a plus rien à craindre !

— Dans ce cas, objecta Tao Gan, je me demande pourquoi il n’est pas parti cette nuit, avec les autres…

— Bien vu, Tao, dit le mandarin.

Il se faisait pour sa part un raisonnement du même ordre. Le directeur voulait récupérer son trésor. S’il avait attendu ce moment, cela signifiait qu’il n’avait pu mettre la main dessus jusqu’à ce jour. Ti savait donc où le trouver.

 

Guide de survie d’un juge en Chine
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